Les ténèbres s’épaissirent et Fiona enfouit sa tête sous la couverture. Le parquet craqua. Elle ferma les yeux plus fort. Le froissement d’un tissu sur le bois traversait la chambre. Plus proche. Puis, le silence.
Sa nuque se raidit sous un souffle froid qui remonta jusqu’à ses oreilles.
– Ferme les yeux autant que tu veux. Je suis auprès de toi… toute la nuit.
La voix rauque devint un rire sifflant.
– Papaaaaa ! Papaaaaa !
Des pas précipités. La porte s’ouvrit dans un filet de lumière.
– Qu’est-ce qui se passe, mon aroha ?
– J’ai peur ! J’ai peur de l’ombre.
– Du noir ? Tu veux que je laisse ta lampe de chevet allumée ?
Elle acquiesça.
– Bonne nuit, mon aroha.
– Papa, papa ! Reste !
Il revint sur ses pas et s’assit sur le bord du lit. Sa main caressait les doux cheveux auburn.
Lorsque Fiona ouvrit les yeux, elle sentit un poids contre elle. Elle reconnut la masse de cheveux de son père, mais ses doigts touchèrent un liquide poisseux. Le rouge se répandit sur les draps. Fiona secoua son père, l’appela, mais il ne bougea pas.
– Maman ! Maman !
Le sang emplissait tout le lit. Elle sauta sur le parquet, ouvrit la porte en criant. Personne ne répondait. Sa mère se trouvait sur le canapé.
– Maman ! Maman ! Papa ! Papa dans la chambre !
Les yeux fixés sur elle demeurèrent inexpressifs.
Une ombre s’étendit sur le mur. La masse sombre se détacha et avança, cinq doigts squelettiques et noirs tendus vers elle. Fiona recula, trébucha et la main se referma sur sa cheville. Elle fut traînée dans le salon. La fillette tenta de crier, mais aucun son ne jaillit. L’air refusait de s’échapper, mais aussi d’entrer dans ses poumons. Elle réalisa soudain qu’elle était entourée d’eau. Au-dessus d’elle, le salon s’éloignait. Elle se débattit, mais la main la tirait vers le fond. Toujours plus loin vers la nuit.
Soudain, une étincelle de lumière brilla près de ses yeux, puis une seconde, une troisième et bientôt une pluie d’étoiles filantes perça les ténèbres. Fiona prit une inspiration bruyante. Elle se trouvait de nouveau dans sa chambre et la lampe de chevet projetait son ombre contre le mur bleu lagon.
Des bruissements d’ailes la firent sursauter. Elle tourna la tête et sourit. Lyra, Aveline, Flint et Taram formaient une ronde dont le centre rayonnait. Ils voletaient autour d’elle et chassaient l’Ombre. Fiona chantonna une comptine, s’allongea et ferma les yeux.
You cannot copy content of this page
Quelle belle plume ! Ce prologue est très troublant et donne envie de se plonger à la seconde même dans cet univers. D’une apparence sombre, d’un premier abord, j’ai hâte de découvrir comment l’innocence de cette petite fille va apporter la touche de lumière et d’espoir à cette histoire.